Sarah Polley passe de l’autre côté de la caméra
Fiona et Grant se sont aimés pendant 45 ans. Pendant ces 45 années de mariage, il ne sont jamais séparés malgré les épreuves. Aujourd’hui Fiona souffre de pertes de mémoire. Alzheimer. Elle décide d’entrer dans un centre spécialisé pour ne pas devenir une charge pour son mari, qui a du mal à la laisser s’en aller. Les règles du centre sont claires: le mois suivant leur insertion, les patients sont interdits de toute visite, famille comprise. Fiona part et Grant attend. Et puis, le jour de leur retrouvailles arrive, 30 jours après. Le problème, c’est que Fiona a oublié qui était Grant, qu’elle était mariée et s’est entiché de Aubrey. Grant va alors l’observer, rester près d’elle et pourtant être si loin….
Sarah Polley, jeune femme de 28 ans, le teint diaphane, les cheveux roux, l’air doux et calme. D’habitude, elle joue, ici elle réalise. Et force est de constater qu’elle fait aussi bien l’un comme l’autre. Adapté d’un roman, Sarah Polley a écrit le scénario avant de se lancer dans la réalisation. Et on l’admire. D’abord parce qu’elle a géré avec beauté son nouveau défi et ensuite parce qu’elle a réussi à mettre en image, ce qu’on arrive à peine à mettre en mots. Certains en auraient fait un mélodrame inutile, elle en fait un drame intimiste et essentiel. Le sujet est douloureux, difficile, cruel. Il nous bouleverse plus qu’on ose le montrer. Parce qu’elle nous montre la vérité. Une vérité dure. Une femme qui "oublie" son mari et tombe amoureuse d’un autre homme, pendant que son mari vient tous les jours la voir. Il fallait oser le mettre en image. Elle a réussie. Le film est lent, tendre, parfois drôle, émouvant, bouleversant et dur. Mais le tour de force de la réalisatrice canadienne est de ne jamais plonger dans le larmoyant alors que le sujet s’y prête. Et dans la neige froide du Canada, on croise Gordon Pinsent acteur inconnu du grand public, qui nous livre une composition saisissante de justesse et de maîtrise. A ses côtés Julie Christie, grande dame, au début froide puis plus fragile, cassée, éprouvée. C’est par eux que toutes les émotions arrivent. Et puis par la beauté de l’oeuvre.
Sarah Polley se distingue. D’abord par sa (belle) carrière et par sa justesse dans une réalisation qui méritait d’être traité comme elle l’a fait: avec amour et coeur. Elle évite tous les clichés du genre pour nous donner un bijou hors-norme qui étonne par sa maturité et sa fragilité. En somme, le film est à l’image de sa réalisatrice. On espère plus que la croiser sur la Croisette, où elle remplira les fonctions de membre du jury, pour lui crier notre admiration pour elle et son cinéma.
Sarah Polley se distingue. D’abord par sa (belle) carrière et par sa justesse dans une réalisation qui méritait d’être traité comme elle l’a fait: avec amour et coeur. Elle évite tous les clichés du genre pour nous donner un bijou hors-norme qui étonne par sa maturité et sa fragilité. En somme, le film est à l’image de sa réalisatrice. On espère plus que la croiser sur la Croisette, où elle remplira les fonctions de membre du jury, pour lui crier notre admiration pour elle et son cinéma.