Carol

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Therese, vendeuse dans un grand magasin, rencontre Carol Aird, venue acheter un jouet pour sa fille. Carol est belle, envoûtante, riche et mystérieuse. Mariée à un homme qu’elle n’aime pas, elle est en instance de divorce. Les deux femmes vont se rapprocher et se découvrir.

Dans Carol, il y a Cate Blanchett. La seule et l’unique. Cate Blanchett, magnifique, irradiant l’écran, belle et sensuelle, touchante. Elle est Carol Aird, celle qui va séduire Therese (ou se laisser séduire ?), la jeune vendeuse, interprétée par Rooney Mara, et nous séduire également. Comment ne pas s’enticher de cette femme qui refuse de vivre en cage et qui cherche la liberté dans l’Amérique puritaine des années 50? La liberté de faire ce qu’elle veut, d’être ce qu’elle veut être. Aujourd’hui encore c’est parfois difficile en tant que femme de s’affirmer, mais dans les années 50 c’était tout simplement incongru et très mal vu. Les femmes devaient rentrer dans le moule, se marier, faire de beaux enfants et, quand elles étaient mariées à des hommes riches, jouer la potiche. Carol ne veut pas, elle préfère les femmes et n’aime pas son mari, demande le divorce et est troublée par une jeune femme à qui elle propose de partir en voyage. Mais Therese n’est pas juste le faire-valoir de la belle Carol  : son personnage évolue durant tout le film. De jeune femme qui se cherche, innocente et inconsciente de son potentiel de séduction, elle devient une femme sûre de ses choix. Elle va se construire. Cette évolution est la pierre angulaire de cette histoire d’amour touchante. Ce n’est pas pour rien que Rooney Mara a gagné le Prix d’inteprétation féminine à Cannes (ex-acquo avec Emmanuelle Bercot). Therese, jolie sosie de Audrey Hepburn, lutte également contre les conventions, contre une vie qui la fera prisonnière. Elle est l’opposée de Carol et en même temps, leur attirance et leur empathie est flagrant.

C’est un peu Loin du Paradis qui rencontre La Vie d’Adèle. Un peu dans certains thèmes (passage à l’âge adulte, différence de classes), pour le reste Carol s’en affranchit. C’est un mélodrame d’une grande finesse, plein de pudeur, sobre et élégant. Todd Haynes est le digne héritier de Douglas Sirk, lui qui déjà en 2002, filmait Julianne Moore, une bourgeoise qui se liait d’amitié avec son jardinier au mépris des conventions. Au final, le réalisateur ressasse les mêmes thématiques (le rejet des conventions, une histoire d’amour interdite) pour réaliser à ce jour son film le plus abouti et le plus beau. Carol, le film, est d’une élégance folle, d’une beauté stupéfiante, d’une classe remarquable, tant dans ses décors que dans ses costumes que dans l’histoire d’amour qu’il raconte. Par l’utilisation de gros plans, le réalisateur filme la passion qui boue sous l’apparente quiétude des banlieues américaines et les conventions asphyxiantes. A trop vouloir faire sobre, le film est parfois un peu froid, mais il bouleverse dans sa dernière scène.

Porté par de grandes actrices (Cate Blanchett et Rooney, formidables), Carol rappelle que le mélodrame n’est pas mort ! L’ombre de Douglas Sirk n’est pas loin, mais Todd Haynes réalise ici son film le plus abouti, le plus bouleversant, le plus beau. Adaptée d’un roman de Patricia Highsmith (L’inconnu du Nord-express), cette histoire d’amour interdite est d’une grande pudeur et finesse et se révèle un beau moment cinématographique.

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